Histoire et Patrimoine de Senlisse

Histoire de la commune à partir du IXe siècle

C'est dans la seconde moitié du IXe siècle que Senlisse fait son entrée dans l'histoire.

Lors d'un séjour à Compiègne, le roi Charles II le Chauve fait don du village de Senlisse (Scindeliciae en latin) à l'abbaye de Saint-Denis en 862 en raison de sa grande dévotion au saint martyr. L'acte précise que le terroir compte des champs, des vignes, des forêts, des prés.

L'abbé Leboeuf estime que la première église du lieu remonte à cette époque. Il est naturel en effet que les moines de Saint-Denis aient dédié le sanctuaire à leur saint patron. La fête patronale du village restera à travers les siècles "la Saint-Denis".

 

On ne sait rien de Senlisse à l'époque médiévale et ce n'est qu'au XVIème siècle que le village réapparaît sur la scène de l'histoire avec une épidémie qui restera dans les annales sous le nom de "peste de Senlisse" : en 1597, une maladie contagieuse s'abat sur la paroisse et fait tant de ravages que les derniers habitants non atteints fuient le village, abandonnent leur maison et se réfugient aux alentours. Le curé suit le mouvement. Le seigneur de la Cour-Senlisse et les siens se replient à Dampierre. Trois mois après le début de l'épidémie, le village est désert.


Mais la vie reprend son cours. Un acte notarié de 1598 donne la première mention écrite d'une école à Senlisse : il s'agit d'un "contrat d'acquisition du petit presbytère ou école".

 

En 1610, les habitants se réunissent en assemblée afin d'emprunter 64 livres tournois au seigneur de la Cour-Senlisse, Joachim Marchand, pour restaurer le presbytère qui tombe en ruines.

Jusqu'au XVIème siècle, les seigneurs de Senlisse dépendent de la châtellenie de Beaurain qui regroupe les seigneuries relevant de l'abbaye de Saint-Denis.

C'est par échange que le cardinal Charles de Lorraine, duc de Chevreuse, réunit cette terre à son duché. Le chef-lieu du nouveau duché de Chevreuse est transféré de Chevreuse à Dampierre, propriété de la famille d'Albert de Luynes : la seigneurie de Senlisse est désormais dans la mouvance de Dampierre.

En 1739, le duc de Luynes achète le fief de Senlisse. Le château de la Cour-Senlisse est la maison seigneuriale du village.

 

Grâce à des inventaires dressés par l'abbé Maigrot qui fut curé du lieu de 1759 à 1784, nous connaissons le cadre de vie à Senlisse au XVIIIème siècle.

Nous savons que le maître d'école et le vicaire demeurent dans une maison proche de l'ancien cimetière, acheté par la fabrique en 1701. celle-ci dispose de revenus confortables et est propriétaire de 23 prés et d'une quinzaine de pièces de terres labourables.

L'enseignement est régulièrement dispensé au cours du XVIIIème siècle : en 1701, le maître d'école est logé et rémunéré par la fabrique et assure d'autres fonctions : de 1753 à 1762, François Rilleau est à la fois "tailleur d'habits, fossoyeur, bedeau, sonneur de cloches, chantre et maître d'école".

 

En 1789, les habitants se réunissent pour rédiger leur cahier de doléances, qui doit être présenté à la réunion des Etats généraux.

Le cahier du tiers-état de Senlisse a été publié intégralement dans les Mémoires de la société archéologique de Rambouillet (tome 16 – 1902) : il donne un éclairage sur la vie rurale de cette paroisse dans les dernières années de l'Ancien régime.

 

L'instituteur Louis Nolleau rédige en 1900 une monographie de la commune.Il s'y penche tout particulièrement sur l'histoire de l'enseignement au cours du XIXème siècle. De 1810 à 1813, l'école fonctionne dans une maison louée à un particulier.

En 1842, le duc de Luynes dote la commune d'une mairie-école avec dépendances (logement de l'instituteur, bûcher, grenier, cave, cour et jardin).

L'instituteur est secrétaire de mairie et quelquefois "remonteur d'horloge et tambour-afficheur".

L'école est fermée à la belle saison pendant 3 à 4 mois. La commune assure les frais de chauffage de l'école à partir de 1861. Un maîtresse de couture est nommée en 1866. L'année 1872 voit la création d'une bibliothèque scolaire. Des cours d'adultes sont ouverts en 1891 et une "société scolaire protectrice des animaux" est lancée en 1899 par Louis Nolleau.

 

Ces efforts en faveur de l'enseignement sont concrétisés par une montée régulière de la fréquentation scolaire : 42 élèves en 1848, 55 en 1860, 60 en 1893, 73 en 1897. Les effectifs se maintiendront à ce niveau jusqu'à la fermeture de la carrière des Maréchaux en 1930, dont les ouvriers trouveront des emplois à Paris.

 

La fin du XIXe et le début du XXe siècle voient se développer l'attraction de la vallée de Chevreuse et particulièrement du site des Vaux de Cernay, auprès des artistes peintres et des premiers touristes.

 

La vie économique est restée essentiellement fondée, au cours des temps, sur l'agriculture et l'élevage.

L'ancienne industrie extractive

Dans la région de Rambouillet, Senlisse est l'une des communes dont le sous-sol a été le plus exploité.

Au nord-est de la commune, une colonie de Bretons se fixa un temps sur le plateau pour assurer l'extraction de la pierre meulière nécessaire à la construction du château de Dampierre.

La ville de Paris, très grosse consommatrice de pierre pour le pavage des rues, loue à l'état le bois des Maréchaux avec le droit d'en extraire la pierre meulière et le grès de Fontainebleau.

La carrière, ouverte en 1879, sera exploitée par la ville de Paris jusqu'en 1930.

Deux carrières sont ouvertes : à l'ouest celle du Pont Vert , à l'est celle du Grand Moulin.

L'exploitation se fait à ciel ouvert, ce qui permet d'extraire d'abord la meulière avant d'atteindre le banc de grès. La meulière est utilisée pour la maçonnerie des égouts de Paris, le grès pour les pavés.

La Carrière des Maréchaux


Pour en savoir davantage, vous pouvez consulter l'ouvrage de François Roche "Carrières et carriers" - tome I en Yvelines - tome II en Essonne - dans la collection "la vallée de Chevreuse en 1900" - édition de l'Arbre aux Papiers)

La population

Le dénombrement le plus ancien remonte à 1713 : il donne 69 feux pour Senlisse, soit environ 275 habitants.

La population ne cesse de croître au long du XVIIIème siècle pour atteindre 502 habitants en 1790.

Elle reste à ce niveau jusqu'en 1840, puis décroît (472 habitants en 1851, 428 en 1866).

De 1906 à 1931, la population croît à nouveau régulièrement pour atteindre 528 habitants en 1931.

En 1936 on ne compte plus que 445 habitants, sans doute en raison de la fermeture des carrières, puis 386 en 1946.

En 1954, la population est remontée à 466 habitants, puis décroît à nouveau pour atteindre son point le plus bas en 1968 (380 habitants).

De 1975 à 1999, la croissance est régulière (493 habitants au recensement de 1999).

Lors du recensement de 2005, la commune a passé la barre des 500 habitants. 

Chiffre officiel au 1er janvier 2012 : 555 habitants.

Le nom de la commune

Il existe 2 versions sur l'origine du nom de la commune :

- Scindeliciae (Scindelicias) ou Senliciae signifierait "entouré de lices"

- une autre version fait référence au vin, pas très bon, produit autrefois et destiné à l'abbaye de Saint Denis, "sine delicias" ou "sans délices"... 


Patrimoine architectural

L'église

Au cœur du village, l'église était autrefois entourée du cimetière. L'édifice, construit sans doute au XIIIe siècle est couvert de tuiles brunes. Son plan est simple : un chevet plat ferme la nef et les deux collatéraux comptent chacun quatre travées voûtées. Sur le bas-côté nord s'élève le clocher : tour carrée percée de baies ogivales murées et flèche octogonale en charpente, le tout couvert d'ardoises.

Au-dessus du portail principal veille une Vierge à l'Enfant en pierre.

A l'intérieur, un important mobilier a été conservé.

Le clocher offrait jadis deux curiosités originales qui ont disparu : 

- l'horloge (installée en 1770 par un horloger de Saint Hubert) qui commandait deux cadrans extérieur dont l'un indiquait les phases de la lune. On peut d'ailleurs lire dans un des registres paroissiaux conservés à la mairie la mention suivante, signée Maigrot curé de Senlisse : "le cinq octobre 1771, j'ay fait faire et poser par Mr Chanay dit Dauphiné horloger du Roy à St Hubert une horloge à deux cadrans dont un lunaire"


- une crécelle à six marteaux qui remplaçait la cloche pendant la semaine sainte.

 

Les vitraux d'origine (XIIIe siècle) ont été renouvelés au XIXe siècle. Trois verrières évoquent Saint Denis et ses compagnons, Rustique et Eleuthère.

L'ORGUE DE L'ÉGLISE

Depuis Pâques 2005, un orgue de 354 tuyaux, construit à Utrecht en 1874, est installé dans l'église grâce à l'association L'Orgue de Senlisse qui a pour but d'en assurer le rachat progressif et l'activité artistique.

 

L'association organise plusieurs concerts par an autour de cet orgue.


LE CHÂTEAU DE LA COUR-SENLISSE

Propriété privée, inscrit à l'inventaire des monuments historiques.

À travers les siècles, le château a gardé son plan caractéristique hérité du moyen-âge : un quadrilatère du 45 m de côté, ceint de douves et cantonné de quatre tours.

La plus importante de ces tours est aussi la plus ancienne et peut dater du milieu du XVe siècle. Les bâtiments d'habitation ont été reconstruits ou remaniés au XVIIe siècle.

L'inventaire du patrimoine architectural de la commune, dressé en 1981, définit ainsi le château : "mention d'un hôtel en 1399, construction fin 16 siècle dessinée par Chastillon partiellement en place ; tous dont une au nord est du 15 siècle, mais logis modifié (tour d'escalier disparue) et agrandi ; corps de bâtiments latéraux refaits au 17 siècle ; corps sur rue (ouvrage d'entrée?) détruit après 1819 ; façade sur jardin 18 siècle"


Manoirs, moulins, lavoir

MALVOISINE, FERME FORTIFIEE

L'existence du manoir de Malvoisine est attestée en 1235. Les bâtiments sont reconstruits à la fin du 15ème siècle, les fossés et les murs repris en 1652 et l'ensemble reconstruit au début du siècle dernier.

Le manoir abrite actuellement le haras de Malvoisine.


LE MOULIN D'AULNE

La cour carrée quasiment fermée, autour de laquelle se répartissent les bâtiments du moulin rappelle la disposition des fermes de la région. 

L'édifice est intéressant par sa situation, isolé au nord de Senlisse entre la rivière des Vaux et la rivière Morte, mais aussi par sa double fonction de moulin et de ferme. Les bâtiments agricoles ont subi peu de modifications. Ils abritaient une meunerie, un logis, une écurie, un four à pain et une laiterie. Le moulin d'Aulne est aujourd'hui transformé en poney-club.


LE MOULIN DES ROCHES

Le moulin des Roches est attesté depuis le 14ème siècle, mais la première mention cartographique date du milieu du 18ème siècle (carte de Cassini). A cette époque sont présents le moulin et ses dépendances.

 

En 1765, il devient un moulin à tan. Il se situe à proximité du bois des Roches dont les essences majoritaires sont le chêne et le châtaignier. L'écorce de ces arbres est connue pour ses qualités tanniques. Ce moulin fait donc partie, avec la forêt d'Yveline et l'atelier de tanneur de Chevreuse, d'une chaîne de production artisanale du cuir.


LE LAVOIR

La commune a procédé, en 1986, à la restauration du lavoir situé sur le Ru des Vaux. Le lavoir restauré diffère en certains points de l'état d'origine ; en particulier, une bande de parpaings a été posée afin de limiter la montée des eaux. Il aurait été construit en 1877.

Lieu de réunion dans les temps passés, l'entretien de ce lavoir témoigne de l'intérêt qu'il suscite encore aujourd'hui.

 

Une aire de pique-nique est aménagée à proximité.